Niger : Kassim Yacouba, un taximan au look épatant

13 mars 2023

Kassim Yacouba est un jeune taximan exerçant à Niamey, la capitale nigérienne. Il tente de changer les stéréotypes autour des conducteurs en offrant à ses passagers un autre traitement. Son taxi est toujours propre, lui-même bien coiffé avec un style vestimentaire bien soigné, chose qui contribue à accroître son chiffre d’affaires. Rencontre avec un ‘’taximan‘’ pas comme les autres. 

"Grâce à ce métier j'arrive à prendre soin de ma famille" Kassim Yacouba
"Grâce à ce métier j'arrive à prendre soin de ma famille" Kassim Yacouba

Chaque jour, Kassim Yacouba, ce jeune âgé de 35 ans, d’une taille d'un mètre 74 cm, de teint noir, se fait un look épatant avant de partir travailler.

Ce matin du jeudi 2 mars 2023, nous embarquons avec lui afin de comprendre ses motivations. Du quartier Sonuci de Niamey où nous sommes, nous prenons la route pour rejoindre le quartier Saga dans la périphérie de la ville.

Le jeune homme, issu d’une famille qui n’avait pas suffisamment de moyens lui permettant de poursuivre ses études, a dû quitter les bancs de l’école dès le collège. Depuis lors, il a décidé de prendre sa vie en main en se lançant d’abord sur les sites aurifères à la recherche de l’or puis dans le transport. De chauffeur de Kabou Kabou (taxi moto en langue locale) à Dosso à chauffeur de taxi sur les conseils de son cousin Ali, en passant par chauffeur de camion, il se plait à améliorer les conditions de voyage de ces passagers.

Pendant qu’il nous racontait son histoire lors du trajet, nous avons aperçu un bras tendu. Le taximan Kassim Yacouba serre son véhicule sur le côté droit de la chaussée. C’est un client qui veut se rendre au quartier Wadata. Kassim lui signifie que le trajet lui coûtera 500F CFA. Très vite, ils s’entendent sur le prix de la prestation et le monsieur a pris place à bord. Nous sommes désormais trois dans le taxi.

Le nouveau passager, très séduit par le taxi, lâche quelques mots : « bravo monsieur, votre taxi est très propre ! ». Et c’est avec sourire aux lèvres que Kassim lui répond : « Je côtoie beaucoup de personnes, donc il faut que je sois élégant, mon taxi aussi » a-t-il justifié. « J’aime beaucoup mon métier. C’est un métier très noble et je n’envie personne » renchérit-il tout heureux.

Des clients satisfaits

La ville de Niamey compte plus de 10.000 taxis, nous explique Kassim. Mais lui, sa notoriété réside dans le fait qu’il est toujours recommandé par ses contacts grâce à sa bonne prestation mais aussi pour la propriété de son taxi et de son style vestimentaire : toujours stylé.  « Par moment, je suis débordé, tellement j’ai des appels mais je grouille pour respecter mes rendez-vous », se réjouit-il. Arrivé à destination, le passager descend, mais n’oublie pas de prendre le contact de Kassim. « C’est toujours ainsi. A chaque fois que je dépose quelqu’un, il demande mon numéro et je le lui donne. Cela m’aide énormément » se réjouit-il.

"J'aime le métier, il est noble" Kassim Yacouba
"J'aime le métier, il est noble" Kassim Yacouba

 Ahmed Sani le passager, ne cache pas sa satisfaction : « Je suis satisfait. Je suis arrivé à bon port. Très comique, il nous a égayé pendant tout le trajet. Aussi passe-t-il son temps à l’aide de son torchon à nettoyer le tableau de bord. On sent bien qu’il aime la propreté. » Il promet partager son contact avec ses connaissances. Ce qui réjouit d’avantage le taximan. Puis, nous continuons la route pour rallier le quartier Saga tout en poursuivant notre discussion.

Le métier de taxi est rentable

De 10h à 2h du matin, Kassim s’attelle à la tâche. De son avis, le métier de taximan nourrit son homme : « J’ai été chauffeur de Kabou Kabou (taxi moto en langue locale), j’ai été chauffeur de camion, mais je n’ai pas eu autant que je gagne dans le taxi » a-t-il révélé sans nous dire plus précisément le montant qu’il pourrait gagner en un mois. Néanmoins, il dit avoir par moment, un minimum de dix mille francs CFA par jour. Ce montant augmente lorsqu’un client, très satisfait de sa prestation, lui donne de l’argent pour l’encourager. Il avoue que grâce à ce métier, il arrive à bien prendre soin de sa famille et à s’habiller comme il veut.

Une des difficultés que rencontre Kassim Yacouba dans l’exercice de son métier, c’est l’état dégradé des routes qui endommage son véhicule et le contraint à se rendre fréquemment au garage pour des réparations. Il ajoute à cela, le coût élevé des taxes. Malgré tout, Kassim ambitionne de mettre en place, dans un futur proche, sa propre société de taxis pour contribuer à innover le secteur.

Mireille Bailly